Olivier Le Poittevin raconte sa traversée solitaire au service de l’inclusion
Olivier Le Poittevin, skippeur du Mini 6.50 Des Pieds et Des Mains, soutenu par la Fondation OCIRP, s’apprête à reprendre la mer pour la deuxième étape de la Mini Transat.
Après l’annulation de la première étape, après 4 jours de traversée, entre Les Sables d’Olonne et La Palma en raison des conditions météorologiques extrêmes, Olivier a rejoint les Canaries pour remettre son bateau en état et se préparer à nouveau au grand départ.
Une traversée en solitaire, mais une aventure profondément collective : faire tomber les préjugés sur le handicap. Montrer que chacun peut trouver sa place. Prouver qu’il est possible d’aller au bout de ses rêves malgré les tempêtes.
Ce sont les messages qu’Olivier embarque avec lui à travers cette course mythique.
À quelques jours de la deuxième étape, direction la Guadeloupe, le skippeur partage avec nous son état d’esprit, entre détermination, solidarité et sa course pour l’inclusion.
- Avant l’annulation de la course, tu avais pris un très bon départ. Quels sont les moments que tu gardes en mémoire ? Ceux où tu t’es senti fort, libre, ou au contraire, ceux où il a fallu puiser dans tes ressources ?
Le premier moment fort qui a marqué ma descente vers le Portugal a été de dépasser des bateaux plus puissants, avec la sensation d’avoir réalisé un bon début de course, sans savoir exactement où je me situais parmi les concurrents. Puis j’ai enchaîné quelques péripéties. J’ai dû notamment dépasser ma peur et monter au mât pour démêler un fil coincé dans les poulies de spi. Autre moment marquant : lorsque j’ai réalisé un surf de folie, l’adrénaline était à son comble, c’était extraordinaire… avant la casse du bout-dehors et de la drisse de spi. Je suis fier d’avoir su me remobiliser en réparant mon bateau en pleine mer et ainsi reprendre la compétition.
- Quand tu as appris que la course était annulée, qu’as-tu ressenti ? Comment on gère une déception aussi soudaine après avoir tout donné ?
Je ne savais pas à ce moment-là que je n’étais finalement pas si mal classé. Je pensais être à l’arrière de la flotte à cause de mes avaries. Ce sont d’autres skippeurs qui me l’ont appris, alors même que je pensais pouvoir encore regagner des places au classement.
Rapidement, la bonne humeur de l’ensemble de la flotte a pris le dessus sur la déception. C’était aussi l’occasion pour ceux qui avaient subi de plus grosses avaries, comme des démâtages, de revenir partager avec nous la seconde étape.
- Après l’annonce, tu t’es abrité avec d’autres skippers au Portugal. On imagine que, dans ces moments-là, la solidarité prend le dessus sur la compétition. Qu’est-ce que cette entraide t’a appris ?
La solidarité a toujours été exceptionnelle au sein de la classe Mini. On est plus fort à plusieurs. C’est extraordinaire d’être à la fois en concurrence dans la compétition et en même temps dans l’entraide et la collaboration au port, où l’on partage nos compétences. On a tendance parfois à critiquer injustement les jeunes, que personnellement je trouve formidables. Je crois que cette régate est une véritable leçon de vie.
- Comment se passe la remise en état du bateau ? Quand quelque chose casse, en mer comme dans la vie, il faut réparer… Qu’est-ce que ces réparations t’apprennent sur la patience et la persévérance ?
La remise en état du bateau s’est très bien passée. La réparation du bout-dehors faite en mer me semble solide. J’ai réparé le balcon avant et le safran avec les conseils d’autres skippeurs, et le bateau est prêt à repartir pour de nouvelles aventures. C’est parfois étonnant de se voir faire des réparations que l’on ne se savait pas capable de réaliser auparavant. Il faut se lancer, persévérer, se dépasser. Je crois qu’on est tous capable de faire des choses extraordinaires si on est motivé.
- Après ce coup d’arrêt, comment gardes-tu ton cap ? Qu’est-ce qui t’aide à retrouver ton énergie, ta confiance, avant de repartir ?
Le soutien et la solidarité au sein de la Classe Mini me donnent beaucoup d’énergie. On est tous ensemble. On a vécu les mêmes craintes, les mêmes joies, et on les partage allègrement et sans pudeur. Je ne me sens pas seul face à cette traversée. Toute la communauté des skippeurs est avec moi, mais pas seulement. La Fondation OCIRP, Des Pieds et Des Mains, Only HR Executive Search, ma famille, mes amis, mes collègues me soutiennent, et cela me fait chaud au cœur. C’est quelque chose de magique que je n’avais jamais vécu auparavant.
- Un dernier mot pour ceux qui te suivent à travers l’association Des Pieds et Des Mains et la Fondation OCIRP — jeunes et adultes qui, comme toi, avancent malgré les tempêtes ?
Un grand merci car sans eux, ce projet n’aurait pas la même saveur. J’ai eu la chance de recevoir des sourires et de procurer un peu de bonheur à des personnes orphelines ou en situation de handicap. Et cela vaut de l’or. J’espère vraiment pouvoir venir vous rencontrer à l’issue de la seconde étape pour vous remercier de vive voix et partager avec vous cette extraordinaire aventure, autant sur le plan de la traversée que sur le plan humain.