Agir pour les orphelins

Ne laissons pas un élève orphelin faire le deuil de sa réussite !

21 septembre 2020
Garçon triste seul à la maison dans un couloir

Un élève orphelin par classe…

Tribune d’opinion du 21 septembre 2021

Quel avenir offrons-nous à une partie de la jeunesse dont la vie a basculé ?

Nous ne parlerons ici ni de déterminisme social, ni de capital économique, ni de milieu d’appartenance, mais bien d’un phénomène auquel chaque enfant peut être exposé, sans distinction d’âge, d’origine ou de sexe : la mort d’un ou de ses deux parents.

Le décrochage scolaire pourrait toucher de plus en plus d’élèves orphelins

La France compte entre 600 000 et 650 000 orphelins de moins de 25 ans. C’est un élève orphelin par classe jusqu’à la troisième, deux au lycée. Deux tiers d’entre eux indiquent éprouver des difficultés scolaires liées au décès de leur parent, qu’il soit récent ou éloigné dans le temps[1].

Difficultés cognitives, troubles relationnels et comportementaux : les conséquences de l’orphelinage sur la scolarité sont nombreuses et diffèrent d’un enfant à l’autre.

Les effets de la crise sanitaire menacent de mettre davantage en péril la réussite scolaire des élèves en situation de deuil. Alors que la contribution des parents a été nécessaire pour assurer l’école et maintenir le niveau des élèves, les enfants orphelins, n’ayant qu’un seul ou plus de parent, ont de fait été pénalisés. Le décrochage scolaire pourrait ainsi toucher de plus en plus d’élèves orphelins.

Des enseignants démunis face à leurs élèves endeuillés

Face à ces enjeux, les enseignants se trouvent souvent dans une situation de désarroi, comme le révèle notre enquête IFOP/Fondation OCIRP conduite en juillet dernier[2].

Alors même que l’ensemble du corps enseignant s’accorde à dire que les élèves vivant une situation de deuil doivent faire l’objet d’une attention particulière, notamment dans le contexte sanitaire actuel, un enseignant sur deux confie ne pas savoir comment accompagner ou vers qui rediriger ces élèves qu’ils ressentent en souffrance. De la même manière, à peine plus de la moitié des enseignants déclare se sentir apte à gérer les situations de deuil des élèves de leur établissement. Un sentiment nourri par le manque perçu de soutien et d’outils pour les aider à affronter ces cas de figure.

Cette situation souligne avec force la nécessité de mettre à disposition des enseignants un ensemble de ressources leur permettant d’accompagner les élèves orphelins et plus généralement, les élèves en situation de deuil.

Sensibiliser les enseignants et leur apporter les ressources nécessaires

Dans ce contexte, nous souhaitons apporter une contribution aux ressources mises à disposition des enseignants et personnels de l’éducation, par la publication d’un Guide pratique. Construit en collaboration avec le monde académique, les professionnels de l’éducation et avec le soutien du Conseil scientifique de l’Éducation nationale, ce Guide pratique vise à donner des clés aux enseignants pour accompagner les élèves orphelins et plus généralement les élèves en situation de deuil. Le Guide pratique, ainsi qu’un ensemble de ressources telles que le film « Être orphelin à l’école » mêlant témoignages et paroles d’experts sont en accès libre. La mise à disposition de ces ressources s’inscrit dans le cadre de la campagne de sensibilisation « Ne laissons pas un élève orphelin faire le deuil de sa réussite ! »Lire le communiqué.

Se saisir des États Généraux de l’Éducation pour que la réussite scolaire des orphelins devienne l’affaire de tous

Dans la continuité de ces initiatives et pour aller plus loin, la Fondation OCIRP prend part à la consultation citoyenne des États Généraux de l’Éducation visant à améliorer l’éducation en France et dont les propositions seront remises aux pouvoirs publics en début d’année prochaine.

Parce que nous avons conscience des difficultés qu’ils traversent. Parce que de véritables leviers d’action et ressources pour favoriser leur accompagnement existent. Faisons de la réussite des enfants orphelins, l’affaire de tous.

[1] Enquête IFOP/Fondation OCIRP – École et Orphelins : mieux comprendre pour mieux accompagner – 2017

[2] Enquête IFOP/Fondation OCIRP – Les enseignants face au deuil des élèves à l’heure du COVID-19 – 2020

Le collectif de signataires

Sylvie Pinquier-Bahda : Directrice générale déléguée à l’Engagement social de l’OCIRP

Patrick Ben-Soussan : Pédopsychiatre, responsable du département de psychologie clinique à l’Institut Paoli-Calmettes à Marseille

Hélène Romano : Docteur en psychopathologie-HDR, Docteur en droit privé et sciences criminelles

Gilles Séraphin : Professeur des Universités, Directeur du Centre de recherches Éducation et Formation

Guy Cordier : Pédopsychiatre spécialiste du deuil chez l’enfant et l’adolescent

Françoise Cordier : Infirmière, co-fondatrice de l‘association Vivre son deuil Nord-Pas-de-Calais

Tanguy Chatel : Sociologue, cofondateur du cercle Vulnérabilités et Société

Hervé Mignot : Président de l’association Élisabeth Kübler-Ross France, Président du Conseil Territorial de Santé de l’Indre

Claude Bravard : Présidente de l’Association pour la santé de l’enfant dans son parcours de vie (AFPSSU)

Fabienne Quiriau : Directrice générale de la Convention Nationale des Associations de Protection de l’Enfant (CNAPE)

Marie Andrée Blanc : Présidente de l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF)

Chantal Bohin : Professeur de français et culture générale au lycée et STS privé Ensemble Sainte Marie

Marie Tournigand : Déléguée générale Empreintes Accompagner le deuil

Marie de Hennezel : Psychologue, écrivain

Cédric Larribau : Président de Mieux traverser le deuil

Damien Boyer : Réalisateur/producteur du film « Et je choisis de vivre » et fondateur de www.mieux-traverser-le-deuil.fr.

Ces articles peuvent également vous intéresser